L'objet de cette note est de participer, par addition avec d'autres à la fabrication d'un canevas d'entretien pour réaliser un ouvrage sur la commercialité et la ville.
Public – privé :
Éminemment
privé dans son fonctionnement, voire pour ses acteurs indépendantiste et ultra
libéral, le commerce est d'intérêt public. En effet, que serait l'espace public
sans "l'animation" des commerces, que serait notre vie quotidienne,
pourtant le libre échange est désormais unanimement reconnu comme un facteur de
la vie économique à encadrer, au mieux, ou à libérer, au plus radical.
A
question de la destination des espaces de rez de chaussée, comme les angles de
rue, les centres commerciaux de quartier, ne peuvent désintéresser les élus.
Le
lien fort entre l'espace public, collectif, et les actions qui conduisent les
pratiquants de cet espace à le franchir est indéniable. Et il n'est pas
envisageable d'adosser la pratique des espaces publics, qui font société,
uniquement sur des activités de service public, au demeurant en régression.
L'école, l'hôpital, la mairie, le commissariat, l'hôtel des impôts pour asseoir
une place, sans doute mais aussi le bistrot, la boulangerie, l'auto école et le
teinturier.
L'action
publique est la seule capable de durer dans le temps et de rétablir des
équilibres entre territoires et pourtant. Si elle est destinée à servir aux
populations, elle aidera en réalité des initiatives privées. Cela pose, semble
t'il problème. Les considérables moyens mis en œuvre récemment pour sauver le
secteur bancaire, vont ils changer la donne ?
Et
pourtant il n'y a pas vraiment de filière de régulation.
Si
l'on veut plus une ville passante, qu'une ville "franchisée" il
faudra la préserver, la refaire et la soutenir.
La gestion des espaces voués au commerce
est un métier :
La
gestion des lieux de commerce est finalement peu maitrisée, si l'on excepte le
droit de préemption. Majoritairement en propriété individuelle, les pieds
d'immeubles qui servent de cadre aux commerces traditionnels, font office de
caisse de retraite pour les exploitants qui vendront, le foncier (ou la charge
correspondante), la partie immeuble et éventuellement le fond. Finalement une
situation identique à celle des agriculteurs, il y a 20 ans. Ce système basé
sur la transmission familiale, est il le meilleur dans un monde de mutations permanente
?
Face
à lui, des foncières mutualisent les couts et les amortissements, mais
privatisent la fonction urbaine, en la séparant du sol, du contexte et des
fonctions non marchandes, voire des activités marchandes non commerciales
(bureaux, services à la personne) et évidemment de l'habitat.
Faire
rentrer ces lieux dans la banalité de gestion immobilière serait pourtant une
voie d'échec, la pratique des bailleurs Hlm en est l'illustration, les surfaces
de rdc vides, se remplissent bien mieux lorsqu'elles sont gérées par des
opérateurs externes ou des filiales spécifiques.
La proximité et l'éloignement : un seul
cadre mais des usages différents et des surfaces variées
Il
est probablement indispensable de segmenter les activités de commerce, services
ou distributions. Les uns nécessitants proximité ou centralisation de l'accès
téléphonique, les autres stocks et lieux de vente plus ou moins importants. Il
est probablement trop tôt pour traiter des deux, aussi centrerons nous la
distribution.
Deux
questions se croisent pour imaginer le commerce de distribution de demain : le
lieu et la taille.
La
stratégie d'entreprise par simultanément diminution des marges et augmentation
des chiffres, obligeait à la mise en place de surfaces de plus en plus grandes.
Ce faisant, la "grande" distribution migrait en périphérie et se
rendait dépendante d'un mode de transport, le véhicule individuel.
Accessoirement ce mode de commerce devenait une sorte de loisir par la
consommation (la sortie de la semaine à l'hyper) et poussait les ménages à
l'accroissement de la consommation individuelle et l'accumulation d'objets.
Parallèlement,
mais bien postérieurement, le début de recentrage du budget des ménages vers
les services (voyages, dépendances, etc.), l'apparition des principes de
"frugalité" encore peu répandus mais "altermondialistes" et
bien évidemment, la réduction drastique du pouvoir d'achat d'une partie
grandissante de la population poussent à la remise en cause du phénomène zone
commerciale + hyper marché.
Deux
éléments complémentaires pointent également dans la balance des arbitrages : le
cout des carburants, donc des déplacements inhérents liés à l'accès aux
"zones" dédiées, renforcer par le cout en temps et la conscience de
l'inflation des achats liés à ce mode de consommation. Enfin la capacité
d'acheter, au meilleur prix, dans le meilleur confort, certes sans voir
réellement mais avec le conseil "avisés" des autres consommateurs
(une nouvelle communauté ?) sur internet.
L'urbaniste
se réjouira de l'arrêt des zones commerciales dédiées, car elles mettent en
place une segmentation de l'espace peu propice à la sureté urbaine, à
l'optimisation des sols et surtout cassant des dispositifs qui autrefois
faisaient société. L'engagement eco-responsable suivra le même cheminement
d'autant plus facilement que ces zones occupent généralement des terres
agricoles de valeur et souvent plates et accessibles.
Il
y a fort à parier que les deux dispositifs vont coexister et peut être même se
combiner. Restent néanmoins quelques obligations essentielles pour accélérer
l'alternative, ce qui se justifie par la survie des centres villes,
l'optimisation des circulations de personnes et de biens et la mixité des
fonctions, sociologiquement facteur de désenclavements. La première condition consiste
à situer, rendre possible, optimiser économiquement l'implantation de petites
et moyennes surfaces alimentaires et/ou généralistes dans des lieux variés mais
visibles et multi accessibles. Le second à trouver des systèmes de portages et
de mutations des lieux dédiés de toute taille, afin d'alléger la charge de
l'immobilier sur l'activité et de faciliter les évolutions. Enfin, avec le
vieillissement de la population mais aussi des choix de vie différents
organiser une logistique urbaine de distribution, sous forme de livraisons, de
conciergeries de quartier ou d'immeuble en milieu urbain mais aussi de sites
multifonctionnels en cadre rural ou périphérique (lotissements). Notons au
passage que cela permettrait au service de la poste une reconversion potentielle
qui ne saurait être uniquement un apport d'activité mais une mutation radicale
de ses activités et la mise en place d'un vrai service public combiné à
d'autres activités. Les créations d'emplois seraient sans doute importantes, le
bénéfice en transport également. A creuser et expérimenter …….
Il
est évident, dans le cadre urbain, que si la métropolisation s'accélère en
forme concentrique par gravité naturelle l'hyper centre va voir sa valeur
patrimoniale augmenter, sa spécialisation également. La segmentation des lieux
de vie des populations aura précédé une vraie division fonctionnelle de
l'espace, la commercialité ne fera que renforcer les dispositifs de
cantonnements, donc d'exclusion, des territoires. La situation n'aura ainsi
quasiment pas changé dans son principe et ses effets.
C'est
donc simultanément un développement urbain resserré et en pétales, qu'il faut
promouvoir. Ce développement polycentrique, seul permettra la fabrication ou le
maintien des entités de centralités de proximité et à l'échelle du mode de
déplacement naturel de la population (la marche). La question de la
polycentralité reste celle des multiplications. En clair, s'il y a 40 centres
secondaires à une agglomération, il n'y en aura aucun. S'il y en a trois, ils
vivront et pourraient se décliner en pole tertiaires, d'hyper proximité. Cela
doit être débattu et clairement acté, rendu public et durable, afin que les
acteurs puissent, avec les bons outils (cf plus haut) s'engager et investir
leur travail.
A
suivre …..