Fabriquer un projet urbain, qu'il soit en extension urbaine et, plus encore, en renouvellement n'est ni affaire d'esthétique ou de technique, ni d'économie mais de méthode.
Principes et attendus :
Le projet est coproduit avec la collectivité et son aménageur.
Les
concepteurs ne travaillent ni pour leur égo ni pour affirmer une théorie mais
pour participer à la mise en place du cadre de vie des futurs habitants. Les
élus sont démocratiquement mandatés pour gérer la commune, ils sont donc seuls
légitimes à décider. Ils portent le projet devant la population actuelle et à
venir.
L'aménageur
rend la mise en place du projet possible en faisant gestion de l'économie du
projet, des temporalités et interface avec les opérateurs, promoteurs,
bailleurs ou particuliers dont les intérêts sont structurellement différents.
La
maitrise d'œuvre partage son savoir, son expérience et sa pratique pour
fabriquer le projet.
Le
projet est collectif et partagé. Le triangle des acteurs principaux permet de
faire équilibre entre les aspirations, les projections et les réalités.
Ensemble
les trois acteurs vont s'éclairer du savoir et du regard des partenaires
(services des autres collectivités et de l'état, structures professionnelles
etc.)
Le projet est public, donc débattu avec les habitants et les citoyens de la ville.
Chaque
projet est une étape dans la progression collective d'une cité vers une ville
plus paisible plus équilibrée et plus responsable. Aucun projet ne peut se
faire sans l'adhésion d'un minimum d'habitants. Tout ne peut être partagé mais
ce qui ne peut l'être doit être clairement annoncé comme tel. Le reste des
problématiques doivent faire l'objet de débats et d'écoute.
C'est
le rôle de la maitrise d'œuvre et de l'aménageur de "monter au
créneau" laissant ainsi les élus (le maire) arbitrer en connaissance de
cause.
Les
techniques de concertation, désormais correctement rodées, permettent de
provoquer des séances de travail constructives qui, le plus souvent,
enrichissent le projet, lui donnent un caractère propre et des qualités
supplémentaires.
Les programmes sont négociés avec les opérateurs.
L'urbanisme
et l'aménagement sont une grande richesse indispensable mais inutile, ou peu
efficiente, si la qualité architecturale, de l'usage, du statut et des prix ne
sont pas au rendez vous. Il importe donc de rentrer en négociation avec ceux
qui vont porter la fabrication de l'immobilier, promoteurs ou bailleurs et
concepteurs, architectes. La question se pose différemment mais sur le même
principe avec le particulier et son pavillonneur.
Expliquer
le parti général de l'aménagement du quartier permet ensuite d'avancer ensemble
et souplement vers la mise en place des "objets" construits tout en
exploitant la créativité du maitre d'œuvre et de son maitre d'ouvrage.
Le
cahier des charges aussi complet et illustré qu'il soit ne permet pas une
cohérence aussi complète que le suivi - coordination des opérations.
Le temps est une des composantes du processus du projet
Les
dix dernières années ont vu des changements considérables dans l'art de
construire, des théories et des pratiques dans celui d'aménager l'espace, de le
réaménager et de restructurer la ville. Il est très probable que les années
suivantes verront également des évolutions lourdes, sociétales mais aussi
énergétiques et économiques. Il importe que le projet soit ouvert à recevoir
des opportunités et des évolutions tout en gardant sa propre cohérence et le
lien avec les autres parties de la ville.
Ces
principes ne sont pas qu'un phasage habile, des capacités de mutation à terme
mais aussi en cours de processus : la mutabilité seule garante du facteur de
durabilité
La qualité est question de travail et d'écoute, de conviction et de cohérence.
L'équipe
sait, par expérience et pour partager avec les autres professionnels, combien
l'esprit d'un projet se perd vite et combien les détails font dériver
l'essentiel.
Les
processus de production comme ceux du contrôle restent toujours contraints par
les habitudes et des principes d'inamovibilité.
Aussi
chaque objet technique fera l'objet de négociation, on ne peut innover sur
l'ensemble en laissant chaque partie comme avant. Chaque responsable technique
ne voyant que son "tuyau" attend que l'ensemble s'adapte, or c'est
justement la pratique de superposition des marges et de séparation des
fonctions qui ruine le processus et l'économie, sans compter l'espace.
Réseau
viaire, assainissements, ramassage des ordures ménagères, accès privatifs, entretien
des espaces, stationnement, chaque objet doit servir le projet. Sans aller
jusqu'à expérimenter sur chaque il faut toujours obtenir l'exemplarité, ou s'en
rapprocher. C'est possible mais cela ne peut se faire "comme
d'habitude" il faut donc convaincre, donner des références et négocier,
donc rencontrer chaque partie.
De
même les futurs investisseurs, particuliers, institutionnels ou promoteurs,
doivent mettre leurs attentes en ligne avec le projet : "rentrer dans le
dessein".
Un
simple dessin et un gros texte ne suffisent pas, la contrainte est certes utile
mais si souvent stérile, que la force de conviction et le temps de partage
permettent des résultats bien plus spectaculaires.
Tous
ces éléments plaident, comme toutes les missions d'évaluation (PNRU et
EcoQuartiers) pour un suivi continu et très présent. Il est évidement porté par
les élus mais réalisé par l'aménageur et le maitre d'œuvre.